Résistantes ! France 1940-1944

5 juillet 2024

Prix : 21€

Pour l’année 2024, à l’occasion du 80e anniversaire du droit de vote accordé aux femmes françaises par l’ordonnance du 21 avril 1944, le musée de l’ordre de la Libération consacre une exposition sur le thème des Femmes en Résistance. Annoncée dès 1942 par le général de Gaulle dans sa déclaration aux mouvements, débattue et adoptée (sans unanimité) par l’Assemblée consultative provisoire d’Alger en 1944, l’égalité de droits civiques n’est pas le sujet de l’exposition. Posée par le pouvoir politique et la société de l’époque comme la résultante de l’engagement résistant d’une partie des Françaises, elle invite, quatre-vingt ans après, à revisiter cet engagement.

Les panthéonisations récentes ont mis en exergue des figures féminines de la Résistance (Germaine Tillion, Geneviève Anthonioz-de Gaulle et Joséphine Baker), dont l’engagement dépasse le cadre du conflit. Au-delà de ces figures d’exception du fait de leur notoriété et de la pérennité de leur engagement, l’exposition entend montrer et interroger l’engagement des femmes dans la Résistance en France – sur le territoire métropolitain, mais aussi à Londres.

Ce projet souhaite rendre visible une activité résistante dont la nature clandestine explique qu’elle laisse toujours peu de traces. Le constat est plus vrai encore pour la résistance féminine, éloignée pour l’essentiel de la sphère du combat armé, largement inscrite dans le quotidien et dans la sphère du foyer, objet d’une faible revendication en sortie de guerre et par ailleurs très inégalement prise en compte par les organisations résistantes en sortie de guerre. Retrouver la résistance féminine suppose une plongée dans l’ordinaire des femmes, tel qu’il est défini et modelé par la société de l’époque. Au rebours d’une approche traditionnelle par les fonctions occupées en Résistance (agents de liaison, infirmières, secrétaires…) ou par les rôles joués (aider, renseigner, convoyer…), la perspective adoptée – dans la continuité des travaux de l’historien Laurent Douzou – est celle d’un cheminement avec les résistantes, depuis la position qu’elles occupent, en tant que femmes, dans la société.

Si le point de départ est donc l’espace privé, celui du foyer dont la femme est censée être la gardienne, l’horizon s’élargit aux différents cercles de sociabilité qui ont pu favoriser l’entrée en Résistance des femmes, aux espaces investis par leur action résistante, aux lieux de la répression. Ces différentes questions – ancrage de l’engagement, cercles de sociabilité, pluralité des modalités d’action, risques consentis – seront abordées à travers des exemples incarnés. Il nous semble qu’une telle exposition peut avoir un réel attrait pour nos concitoyens et concitoyennes et les conduire à s’interroger à la fois sur les valeurs de l’engagementis aussi sur la question de l’égalité femmes/hommes à travers l’émergence tardive de la citoyenneté accordée aux femmes qui ont, dans la Résistance, comme l’a écrit l’historienne Dominique Veillon, «assumé leur devoir de citoyennes sans en avoir les droits».

Exposition « Résistantes ! France 1940-1944 » du 13 juin au 13 octobre 2024, Musée de l’ordre et de la Libération